Dans les projets immersifs, ce n’est pas l’idée pédagogique qui cale, c’est l’usage. Un casque qui tarde à démarrer, un câble qui s’emmêle, une batterie à plat, une appli liée à un seul modèle… Résultat : des séances en retard, des équipes qui s’agacent, des déploiements qui patinent. Le passage du prototype au multi-sites tient souvent à une décision très terre-à-terre : la bonne combinaison entre réalité mixte (RM) ou réalité virtuelle (RV), mains libres ou contrôleurs, casque autonome ou PCVR, avec OpenXR comme ligne de vie pour la portabilité.
RM ou RV : partir du terrain, pas de la mode
La réalité mixte s’impose quand le poste de travail est accessible et sûr, ou lorsqu’on peut disposer d’un jumeau physique du poste de travail. On garde la vision du réel, on superpose des repères, l’adoption est rapide.
La réalité virtuelle prend le relai dès qu’il faut répéter sans risque ou simuler un environnement indisponible. On l’immersion totale pour un contrôle complet du contexte.
Mains libres ou contrôleurs : naturel contre précision
Les mains libres offrent une entrée en matière quasi instinctive, idéale pour les gestes simples et la découverte. Leur limite : une précision parfois perfectible.
Les contrôleurs ajoutent la finesse d’un instrument et des retours plus nets. On paie cette exactitude par un léger temps d’apprentissage, mais on gagne en fiabilité sur les étapes sensibles.
Autonome ou PC VR : mobilité vs. puissance
Le casque autonome est le compagnon des déploiements en nombre : tout-en-un, mobile, facile à stocker, à charger, à prêter. Parfait tant que l’application reste d’une complexité raisonnable – en RM comme en RV.
Le PCVR (filaire, relié à un PC) libère de la puissance pour des expériences riches, denses, très fines… au prix d’un poste dédié et d’une gestion des câbles à organiser.
OpenXR : la clause de portabilité
Exiger OpenXR n’est pas un caprice d’ingénieur. C’est ce qui empêche l’emprisonnement chez un seul fabricant, facilite les renouvellements de parc, et aligne l’interaction entre plusieurs modèles. À l’échelle, c’est un gain en coûts, en sérénité, et en vitesse d’exécution.
La grille qui tranche en une heure
Huit questions suffisent pour objectiver le choix. On note de 0 à 3, on regarde ce qui “pèse” le plus, puis on aligne la combinaison :
- Sécurité & risque d’erreur — Faut-il s’entraîner sans danger sur des scénarios à fort enjeu ?
- Accès au poste réel — Peut-on pratiquer sur place facilement, sans gêner la production ni exposer au risque ?
- Niveau de précision — Le geste attendu est-il très fin (tolérance faible) ou plutôt large ?
- EPI & contraintes physiques — Gants, casque, masque… perturbent-ils le suivi des mains ou la préhension ?
- Durée & cadence — Prévu pour des sessions longues, en série, multi-apprenants ?
- Accessibilité — Besoin de sous-titres, confort visuel, alternative hors casque (web/vidéo) ?
- Portabilité & pérennité — L’application doit-elle tourner sur plusieurs casques dans le temps (exiger OpenXR) ?
- Complexité applicative — Expérience légère ou très riche (densité d’objets, effets, fidélité) ?
Le processus tient sur une page : décrire le cas métier, scorer, choisir la combinaison, vérifier OpenXR, prévoir l’accessibilité (sous-titres, alternative hors casque web/vidéo, tailles de cibles, focus visible), documenter les impacts d’exploitation (hygiène, câbles, recharge).
Trois scénarios types, trois réponses
1 - Gestes fréquents, environnement accessible, EPI
RM + autonome + mains libres (ou contrôleurs si précision). Prévoir pauses, alternative hors casque, hygiène, rotation/charge.
2 - Procédure rare & risquée, entraînement intensif RV + contrôleurs.
RV + contrôleurs. Si l’app reste raisonnable : autonome. Si elle est très riche : PCVR sur un poste dédié. À prévoir : zone sûre, gestion des câbles en PCVR, une démo courte pour acculturer.
3 - Parcours complet (montée en compétence puis révision terrain)
Hybride : PCVR pour l’amorçage (session riche et précise), autonome pour la pratique régulière et les rappels, au plus près du poste. Impératif : même logique d’interaction sur les deux, mêmes feuilles de route de mises à jour – là encore, OpenXR fait le lien.
Ce que ça change au quotidien
Au quotidien, les incidents fondent dès que l’outil colle aux contraintes réelles : les séances démarrent à l’heure, sans bricolage de dernière minute. Côté dépendance, OpenXR joue le rôle d’amortisseur : on change de casque sans tout réécrire, on garde la même logique d’interaction et on sécurise la durée de vie du projet. La maintenance devient lisible : hygiène maîtrisée (mousses, contrôleurs), câbles organisés pour le PCVR, rotations de recharge anticipées pour les autonomes. Résultat sur le terrain : des interactions stables d’un site à l’autre, des équipes vite à l’aise, et une formation des formateurs qui se simplifie nettement.
En conclusion, choisir entre RM/RV, mains/contrôleurs, autonome/PCVR n’est pas un débat technophile : c’est une décision d’exploitation. En posant quelques questions simples – risque, accès au réel, précision, EPI, durée, accessibilité, portabilité, complexité – on obtient une solution acceptable par les équipes, robuste dans le temps et maîtrisée en coûts. OpenXR sert de garde-fou, et l’hybride (PCVR pour l’amorçage, autonome pour la routine) reste une voie efficace pour passer à l’échelle.