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Former à l’ère du zapping mental : un défi… mais pas une fatalité

On ne compte plus les modules e-learning qui perdent leur public en route. Face au “zapping mental” devenu réflexe chez beaucoup d’apprenants, faut-il céder au tout-microlearning, à la gamification systématique, ou à la simplification à outrance ?

Chez Audace, nous considérons que l’engagement ne vient pas d’un format unique, mais d’un design pédagogique intelligent, qui varie les stimuli, donne du rythme, et met en scène le savoir pour en faire une expérience.

Pas de zapping ? Alors scénarisons !

Zapping, surcharge, dispersion : les véritables ennemis de l’attention

Ce que l’on interprète comme un manque d’attention est souvent le symptôme :

  • d’une surcharge cognitive,
  • d’un désengagement émotionnel,
  • ou d’un contenu perçu comme peu pertinent.

Avec l’omniprésence des écrans, notre rapport à l’attention s’est profondément modifié : l’information se consomme désormais par fragments, avec des pics de concentration très courts, rarement durables sans structure narrative ou intention claire.

Selon la chercheuse Gloria Mark (UC Irvine), spécialiste de l’attention numérique, l’attention moyenne sur écran est passée de 150 secondes en 2004 à 47 secondes en 2023. Elle parle de “kinetic attention” : une attention instable, auto-interrompue, façonnée par notre environnement numérique. Cette forme d’attention fragilisée est accentuée par la consommation répétée de formats ultra courts (type Reels), qui diminue les capacités attentionnelles et la performance académique.

Mais cela ne signifie pas que nous ne sommes plus capables de nous concentrer.

Une autre étude (Samba Recovery, 2024) menée sur 262 personnes âgées de 7 à 85 ans à l’aide de tests cognitifs standardisés, montre que l’attention soutenue peut atteindre 76 secondes chez les jeunes adultes et 67 secondes chez les adultes plus âgés, dès lors que la tâche est claire et l’environnement cadré.

Conclusion : l’attention n’a pas disparu, elle est contextuelle. Ce n’est pas l’apprenant qui est “déficient” : ce sont nos modules qui doivent être repensés pour captiver, surprendre, relancer.

Scénariser pour canaliser l’attention

Pour les professionnels de la formation, l’enjeu n’est donc pas de “lutter contre la distraction”, mais de concevoir des expériences pédagogiques qui canalisent et relancent l’attention par : 

  • le rythme,
  • la variation des formats,
  • la mise en tension narrative, 
  • l’ancrage émotionnel.

Sans ces leviers, même un contenu essentiel risque de se perdre dans le bruit ambiant.

Le microlearning n'est pas un format pauvre

Le microlearning est souvent caricaturé : perçu comme une succession de contenus simplistes ou une version “TikTok” de la formation. Or, bien utilisé, il permet au contraire de construire une progression modulaire, variée et exigeante.

Chez Audace, nous l’utilisons dans de nombreux projets comme un levier d’attention :

  • pour poser une problématique courte mais percutante,
  • pour simuler une situation réelle en 3 minutes (motion design ou jeu court),
  • pour renforcer un savoir par une interaction active (quiz, choix, mise en pratique).

Exemple : dans une formation digitale (e-learning) pour des managers IT, chaque micro-module aborde un sujet concret (entretien annuel, gestion des IRP, droit du travail) avec une structure type :

  1. Accroche visuelle ou sonore (voix, image, court dilemme)
  2. Situation de travail scénarisée
  3. Message-clé
  4. Mise en pratique ou interactivité
  5. Résumé ou ouverture vers le module suivant

Ce format permet de s’adapter aux contraintes de temps tout en maintenant une progression pédagogique solide.

Scénariser, c’est organiser l’attention

Chez Audace, nous appliquons régulièrement :

  • L’effet teaser / cliffhanger : poser une question sans réponse immédiate, ou interrompre une scène à un moment critique pour inciter à la suite.
  • La mise en tension : introduire un doute, une contradiction ou un enjeu métier réel dès le départ.
  • La rupture de rythme : changer de format toutes les 2 à 3 minutes (vidéo, mise en situation, interaction, feedback) pour relancer l’attention.
  • Le feedback actif : faire réagir l’apprenant par des choix, et non seulement des clics (avec un feedback construit, pas seulement “Bonne réponse !”).

Scénariser un module, ce n’est pas écrire un film : c’est penser un parcours émotionnel et cognitif qui alterne les régimes d’attention, stimule la curiosité, et guide l’apprenant sans l’assommer. Cela passe notamment par :

  • des moments de tension cognitive (questions ouvertes, contradictions),
  • des ruptures de rythme (alternance formats : vidéo, quiz, feedback…),
  • des transitions soignées,
  • et des feedbacks actifs, qui font réfléchir, non seulement cliquer.

Hybrider les formats pour maintenir l'attention

L’enjeu n’est pas de choisir LE bon format, mais de créer un écosystème cohérent qui alterne les modes d’entrée dans le savoir :

  • Motion design ➝ pour simplifier ou vulgariser un concept
  • Simulation interactive ➝ pour faire vivre un geste ou une posture
  • Capsule audio ➝ pour varier les canaux sensoriels (idéal en situation mobile)
  • Quiz scénarisé ou jeu rapide ➝ pour réactiver les acquis
  • Mini-défis métier ➝ pour inciter au transfert

En variant les formes, on maintient l’attention, on s’adresse à des styles cognitifs variés, et on donne du plaisir à apprendre.

Et la technologie dans tout ça ?

2025 voit l’arrivée de nouvelles interfaces (WebGPU, Unity 6, casques VR allégés), mais attention : la technologie ne crée pas le rythme, elle le permet. Ce qui donne le tempo, c’est bien la conception pédagogique.

Certaines innovations peuvent néanmoins soutenir la scénarisation dynamique :

  • L’analyse des comportements d’apprentissage (temps passé, clics, abandons) pour ajuster les parcours
  • L’IA générative pour proposer automatiquement des variantes de quiz ou d’exemples selon les réponses de l’apprenant
  • Les moteurs narratifs adaptatifs qui modifient le déroulé d’un scénario selon les choix (type Twine, Ink ou moteurs Unity pour serious games)

Ce que cela change pour les concepteurs pédagogiques

Travailler sur le rythme, la variation et la scénarisation, c’est :

  • penser la progression cognitive ET émotionnelle de l’apprenant,
  • écrire des modules courts mais pas simplistes,
  • être exigeant sur les transitions, les accroches, les moments-clés,
  • adopter une vision éditoriale du module, presque comme un réalisateur.

En conclusion

L’attention n’est pas morte. Elle a changé de forme. Elle est plus instable, plus exigeante, mais aussi plus réactive quand on la sollicite avec finesse. Former à l’ère du zapping, ce n’est pas renoncer à l’ambition pédagogique. C’est concevoir autrement.

Chez Audace, nous faisons le pari de l’engagement par la qualité du rythme, la diversité des expériences et la scénarisation maîtrisée. Car au fond, ce n’est pas l’apprenant qui zappe : c’est le module qui n’a pas su le retenir.

Sources citées

  • Mark, G. (2023). Attention Span: A Groundbreaking Way to Restore Balance, Focus, and Productivity. Hanover Square Press.
    Résumé de 20 ans de recherche sur l’attention numérique.
  • Haliti-Sylaj, V., & Sadiku, L. (2024). Impact of Short Reels on Attention Span and Academic Performance of Undergraduate Students.
    Eurasian Journal of Applied Linguistics, 10(3). PDF en libre accès sur ERIC.
  • Samba Recovery (2024). Average Human Attention Span Statistics & Facts.
    Données issues d’un test attentionnel standardisé (CPT) sur 262 personnes de 7 à 85 ans.

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